Thomas R. Cross, officier chanceux ou malchanceux ?
Thomas R. Cross est né le 1er février 1919 dans une famille de militaire trois mois après la fin de la première guerre mondiale. À l'âge de 20 ans, il est accepté au Civilian Military Training Camp Program. Son père est le commandant d’un de ces camps. D’une certaine manière, il y apprend le métier de soldat.
Sa carrière débute réellement en 1939 avec son enrôlement dans le 115th Cavalry Regiment du Wyoming National Guard. Dans cette unité Thomas Cross apprend à tirer au pistolet sur le dos d'un cheval au galop. Le corps de la Cavalry est l'origine de nombreuses grande carrière militaire dans des unités tout à fait différente. En Janvier 1941 il rentre dans le 29th Infantry Regiment, un régiment d'entrainement à Fort Benning en Géorgie. Il réalise peu de temps après qu'il souhaite rejoindre un nouveau corps, celui des parachutistes. Sa demande de transfert est refusée par deux fois. Cross découvre la raison et il s'agit de son père, Chief of Staff de la 8th Infantry Division qui demande à son ami le General Bud Miley de refuser chaque transfert.
Ce qui n'avait pas été pris en compte, est que le commandant du régiment actuel de Cross, est le Lt. Col. Lou Walsh, qui va devenir lui-même commandant du tout nouveau régiment de parachutiste de la 17th Airborne, le 517th Parachute Infantry Regiment. Lou Walsh a besoin d'officier compétent et demande à Cross de le rejoindre.
Plus tard, à Camp Taccoa, alors que Cross dirigeait une course d'entraînement de son nouveau commandement (E/517th) le major-général Miley s'est joint à la course avec la formation et, alors qu'il s'approchait, le chef de la colonne a regardé et vu Cross. Surpris de le voir, il lui a demandé : « Tom, qu'est-ce que vous faites ici ?!" Tom Cross a répondu : « La même chose que vous Général ».
Durant la formation aux Etats-Unis, Thomas Cross sera promu Major et commandant en second (XO) du 2/517th PIR du Lt. Col. Richard J. Seitz.
Au printemps 1944, le 517th PRCT arrive en Italie. Thomas Cross va y mener une partie du bataillon et être le témoin des premières victimes.
Le 15 août 1944, il participe aux parachutages de l'opération Dragoon mais se casse la cheville. En dépit de sa blessure, il va organiser l'équivalent d'une compagnie avec plusieurs parachutistes isolés. Sur le chemin de La Motte, il rencontre le Lt. Col Seitz qui lui-même s'est blessé à la mâchoire en la claquant sur la crosse de sa Carbine lors de l'ouverture de son parachute. Arrivé au PC du Combat Team au château Sainte-Roseline, il prend momentanément le commandement des éléments présent à l'état-major jusqu'à être évacué en Italie. Il passera de nombreuses semaines en convalescence sans avoir participé aux autres combats du Var et des Alpes-Maritimes.
À l’hiver 1944, le Major Tom Cross revient à La Colle (dans les Alpes-Maritimes, où se trouve la zone de rassemblement du Combat Team) sans s’être réellement remis de sa jambe cassé le Jour J. Il devient « Battalion S-3 » et s’occupe des opérations de son bataillon. Lorsque le RCT part en Belgique, Cross est en mission pour le centre de repos du XVIII Airborne Corps à Paris. Il attrape un moyen de transport et se dirige en Belgique pour retrouver le bataillon à Mont Derrieux le 1er Janvier. Le rapport de Dave Armstrong ce jour raconte : « Le jour du nouvel an, plusieurs obus d’artillerie lourde sont tombés dans les environs du PC du bataillon. Il y a eu un tir direct sur le PC, tuant un homme et en blessant huit autre. »
Tom Cross est l’un des blessés. A peine était-il revenu au combat au sein de son unité que pour son second « Jour J », il était de nouveau blessé ! Il raconte : « La date de l’incident était le 1er janvier 1945. Le S-3 du 2nd Battalion qui s’entretenait avec Dick et Dave Amrstrong était le 1st Lt. Peche. Ils effectuaient une reconnaissance cartographique de la zone de rassemblement avancée proposée en préparation de notre attaque à venir dans la région de Trois-Ponts. Lorsque l’obus ennemi à exploser à l’arrière de la ferme, j’étais en train de briefé le groupe de tête avant de partir pour la région de Trois-Ponts. Ce groupe était composé de guides venant de chacune de nos trois compagnies de fusiliers et de notre compagnie de commandement du 2nd Battalion. Tout le groupe était composé d’environ 12 personnes. Nous allions utiliser deux jeeps pour le transport et elles étaient chargés et prête à partir. L’obus ennemi est descendu et a explosé en plein milieu de notre groupe. […]
Nous avons été évacués vers le centre médicale de la division blindée et de là j’ai perdu le contact avec ceux de notre groupe avec qui j’avais été jusqu’à présent. Mes ennuis n’étaient pas terminés car lorsque j’ai été évacué vers un hôpital d’évacuation voisin pour un traitement d‘urgence, le conducteur de l’ambulance s’est perdu et a pris la mauvaise route qui nous dirigeait vers les lignes ennemies. Heureusement, un policier militaire l’a arrêté à la dernière minute avant de traverser le danger et nous avons été redirigés vers l’hôpital d’évacuation. »
Blessé à deux reprises pendant la guerre, à chaque fois à des moments critiques et au début d'opérations d'envergures. Ces blessures lui ont-elles permis de survivre ?
Thomas Cross continuera sa carrière l’armée et terminera avec le grade de Colonel. Il est décédé le 3 juillet 2020 à l’âge impressionnant de 101 ans. Il est l’un des hommes qui a forgé l’histoire et l’âme du 517th Parachute Regimental Combat Team. Il a été inhumé à Arlington le mercredi 12 janvier avec sa femme Betty.